La valse, son souffle dans son cou, la chaleur de ses mains dans son dos, son corps contre le sien... C’est peut être ça qui avait rendu Pepper malade dans le fond: Une overdose d’émotions et de sentiments, quelque chose de beaucoup trop fort pour elle, quelque chose qu’elle n’avait plus la force d’ignorer... Et pourtant ils avaient quitté la salle de réception en amis, comme si de rien n’était, comme s’il n’y avait jamais eu entre eux cette atroce envie d’avoir plus. Ils avaient discuté de la réception pendant le trajet puis avaient enchainé sur une soirée entre amis comme ils n’en avaient plus fait depuis des lustres: regarder la télévision et discuter, se chamailler et s’endormir sur l’épaule de l’autre à tour de rôle, comme au bon vieux temps... Un temps révolu aujourd’hui et ce au grand damne de la jeune femme qui avait encore beaucoup de mal avec sa nouvelle situation...
En effet cette petite lumière bleue au milieu de sa poitrine représentait beaucoup. C’était une nouvelle femme qui s’était éveiller au monde, elle n’était plus entièrement humaine aujourd’hui et beaucoup de détails le lui rappelait constamment. Comme si une électricité constante l’entourait, comme si elle ne pouvait plus retenir ce vertige permanent... Mais c’était aussi bien plus que cela, c’était la preuve que la mort avait bien faillit l’emporter... L’emporter sans qu’elle ne puisse jamais goûter aux lèvres de cet homme qui comptait tant pour elle, la détruire sans qu’elle n’ait eu le temps de lui avouer ses sentiments... Mais quels sentiments au juste? Plus rien n’était sûr dans son esprit, tout était allé beaucoup trop vite, trop brutalement. Et elle était donc là, transformée et incapable d’y voir clair dans ses propres sentiments, dans son propre esprit... Avec une envie folle de
lui.
La rouquine avait passé plusieurs longues minutes dans sa salle de bain, face au miroir, face à ce qu’elle était devenue. Pourquoi voudrait-il d’elle? Elle n’était plus une femme mais une moitié de machine; elle n’avait plus de cœur... Quelques larmes coulèrent le long de ses joues pâles. Si Happy avait pu l’aimer un jour il ne pouvait pas en être de même aujourd’hui, ce n’était plus possible... Pourtant il semblait prendre la chose à la légère et il était un homme intelligent, il savait qu’elle n’avait pas réellement changé dans le fond... Et pourtant Pepper en était malade, persuadée que ses rêves n’étaient que des illusions atroces. Persuadée même qu’il ne l’avait jamais aimé. Comment pouvait-elle être aussi idiote? Pourquoi refusait-elle de voir ce qui était pourtant des plus frappants? Tous le monde le savait, Tony le premier, et ils continuaient à jouer les innocents...
Il y avait sûrement une raison à tout ça, il y avait sûrement une explication rationnelle à ce refus... Mais Pepper n’était pas capable de mettre le doigt dessus et il y avait fort à parier qu’il en était de même pour le jeune homme. Un peu d’eau fraiche dégoulina sur ses joues, effaçant les larmes et redonnant un peu de rose à ses joues. Les choses n’étaient définitivement pas faciles pour elle depuis son réveil et elle avait la vague impression que ça n’allait pas aller en s’arrangeant. Une impression qui ne put que se confirmer quand une envie folle s’empara de son corps pour la pousser à rejoindre la porte de sa chambre. Pour quoi faire? Quelle idée!? Elle prit une grande inspiration et, après avoir posé son front contre la porte un instant, se décida à franchir le pas sans réellement savoir ce qui se passerait ensuite... Pas de plan, pas de préméditation, juste une envie trop forte...
Qui vraisemblablement avait également prit possession de son ami qui se trouvait à présent juste devant elle... Son cœur tomba comme une pierre dans son estomac alors qu’elle réalisait que ce manège n’était plus possible: il était tout proche d’elle, ses lèvres à quelques centimètres des siennes, ses yeux bleus plongés dans les siens... Il n’était plus possible de résister à la tentation, à cette atroce tension qui n’avait eu de cesse de les pousser l’un vers l’autre. Là, soudainement, comme si un éclair les avait frappé, ils prirent la décision silencieuse de détruire le peu d’espace qui les séparait. Un baiser passionné dans une étreinte presque animale... Depuis combien de temps avait-elle rêvé de ce moment? Depuis quand en avait-elle envie? Impossible de tenir les comptes mais elle n’avait définitivement plus la tête à ça, emportée par tant de fougue...
Toujours pendue à ses lèvres, Virginia rentra dans la chambre à reculons, se laissant complètement accaparée par ses caresses. Il n’y avait plus qu’eux, pas besoin de longs discours, pas besoin de fantaisies, juste deux corps qui n’en pouvaient plus d’être séparés... La veste de la jeune s’envola sans la moindre difficulté avant qu’ils ne finissent tous les deux par se laisser tomber sur le lit... Intense, rapide, presque brutal, ils se dévoraient littéralement l’un l’autre alors que leur peau se touchaient pour la première fois. Ils n’étaient pas encore complètement nus mais ils n’avaient clairement jamais été aussi proches... La jeune femme était parcourue de frissons incontrôlables, comme dans une sorte de transe sans nom, le plaisir le plus total, un véritable rêve...
Avec une force étrangement délicate, il la poussa à se redresser pour faire disparaitre le dernier morceau de tissus qui couvrait sa poitrine. Elle n’avait pas ressentit la moindre gêne, pas une seule seconde elle n’avait pensé à retenir son geste, c’était une suite logique que l’envie rendait indispensable... Pepper n’était pourtant pas du genre, elle faisait toujours du sexe une affaire d’état et avait toujours eu un peu honte de ce moment où les vêtements disparaissent... Mais pas avec lui, pas avec Happy, elle en avait tellement envie, depuis tellement longtemps! Elle n’entendait que son souffle mélangé au sien, les yeux clos il n’y avait plus rien en ce monde pour les troubler... Ce n’était peut être pas comme cela qu’elle avait imaginé leur première fois mais ça n’avait plus la moindre petite importance. Si bien qu’elle en avait presque oublié la petite lumière bleue...
Un petit détail qui pourtant n’échappa pas au jeune homme qui recula d’un bond, la poussant à se recouvrir du drap d’un geste vif, sa pudeur étant soudainement revenue. Qu’avait-elle pensé? Avait-elle réellement cru que cette histoire pouvait aller plus loin? Elle était pathétique et sentait les larmes lui monter aux yeux. Happy s’excusait de
« ne pas pouvoir le faire... », ne trouvant pour réponse qu’un lourd silence. C’était le cœur, tout était la faute de cette merde bleue plantée entre ses deux seins! Elle aurait du mourir, Tony n’aurait jamais du la sauver! Et même, quelle idée de répondre à un appel qui ne lui était pas destiné!? Elle s’en voulait, elle en voulait au monde entier mais pas à Happy, presque persuadée de l’avoir forcé... C’était absolument pathétique, terrible, et l’envie de disparaitre dans un trou de souris était on ne peu plus pesante.
La rouquine s’était recroquevillée et avait pincé ses fines lèvres, les yeux rivés au sol. Comment le regarder en face après tout ça? Mais le supplice ne dura que quelques brèves secondes car le jeune homme disparut rapidement dans sa chambre... Laissant Pepper dans la dépression la plus totale; Immobile, comme pétrifiée, Virginia eu besoin d’un moment avant de finalement fondre en larme, s’écroulant sur son lit. Elle se sentait vidée et ses poumons semblaient avoir doublé de volume, écrasant ce qui lui restait de cœur... Oppressée, à bout de souffle, elle passa le reste de la nuit dans cet état de torpeur étrange, sans la moindre envie de revoir le jeune homme... Qu’elle pensait encore devoir affronter le lendemain, chose qui la fit cogiter toute la nuit, entre deux crises de pleurs... Les choses ne seraient plus jamais pareilles entre eux! C’était impossible!
C’est la sonnerie de son téléphone qui la sortit de son très bref sommeil: Tony.La voix de Tony était grave, il semblait mort d’inquiétude et ce n’était pas vraiment son genre même si depuis l’accident il avait quelque peu changé envers elle... Pourquoi était-il dans un tel état? La jeune femme, une joue toujours enfoncée dans l’oreiller marmonna un oui à peine audible, ne réalisant pas réellement ce qui était entrain de se passer. Il était absolument hors de question de parler de ce qui s’était passé la veille, encore moins à Tony d’ailleurs! Cette pensée réveilla la nausée qui l’avait empoisonnée tout la nuit et la poussa à se redresser pour prendre une bouffée d’oxygène. Ce n’était pas un cauchemar, elle en était certaine, et la voix inquiète de son patron et ami fit soudain tilt. Happy avait-il téléphoné? Reprenant ses esprits la jeune femme se sentit de moins en moins bien, au point de se pétrifier une nouvelle fois, assise sur son lit le téléphone à l’oreille.
« Écoutes j’ai changé le billet d’avion, le vol est dans trois heures. Je... Ça va aller d’accord? »
Il ne lui laissa pas le temps de répondre, la laissant complètement perplexe et malade.
Le billet d’avion? Mais de quoi parlait-il? Les sourcils froncés, la jeune femme n’eut pas d’autre choix que de ce lever pour préparer ses affaires. Sa tête tournait atrocement, comme un lendemain de cuite, et plus le moment d’affronter Happy approchait plus elle se sentait mal... Comment allait-elle faire? Comment pouvait-elle seulement lui adresser la parole après tout ça? Ce n’était pas possible, vraiment pas, elle ne supporterait pas le choc... Après un énième passage à la salle de bain, il ne lui fut pas possible de faire autrement et, sa valise en main, elle se dirigea vers la porte du jeune homme... Une porte ouverte et bloquée par le charriot de la femme de ménage qui lui expliqua dans un anglais approximatif que le client avait quitté l’hôtel dans la nuit en payant le room service...
D’un côté elle était soulagée de ne pas avoir à faire le voyage avec lui mais de l’autre, elle était verte de rage. Il la laisser en plan, là, comme une idiote à des kilomètres de chez elle! Quel monstre! Quel gougeât! Ce n’est pas elle qui avait fait le premier pas! Le baiser ne venait pas d’elle! Elle n’en aurait jamais été capable! Puis sa santé était précaire, comment pouvait-il la laisser comme ça!? Pepper se mordit les lèvres pour ne pas pleurer devant le personnel de l’hôtel, récidiva dans le taxi mais ne put pas tenir d’avantage et fut prise d’une nouvelle crise de larmes dans les toilettes de l’avion. Quelle idiote! Comment tout cela avait-il seulement pu se produire!? Pourquoi était-elle sortit de sa chambre!? Pourquoi ce soir?! Si seulement tout cela n’était qu’un cauchemar, si seulement elle pouvait revenir en arrière! Tout le trajet fut un véritable désastre mais en première classe...
Seulement munie d’un baguage à main, la jeune femme ne mettrait par longtemps à quitter l’aéroport, prête à foncer vers les taxis pour retourner au travail le plus vite possible: C’était sa seule échappatoire, son seul moyen de ne plus penser à tout ça même si elle risquait de croiser Happy une fois sur place... Son cœur battait toujours étrangement depuis l’incident, elle se sentait toujours aussi mal, comme prête à tomber dans les pommes à tout instant, il fallait que ça cesse! Mais comment? Soudain elle entra en collision avec un panneau portant son nom, un choc assez violent pour que l’objet tombe et que deux mains viennent la saisir par les épaules pour éviter la chute. Pepper avait parfaitement reconnu l’écriture et c’est peut être pour ça qu’elle avait faillit tomber: Tony n’était pas du genre à faire le déplacement jusqu’à l’aéroport pour venir la chercher, il devait savoir...
Replaçant une mèche rebelle, Pepper se contenta d’un oui de la tête peu convainquant. Elle était gênée et ne savait pas ce que Tony pouvait savoir sur la veille... Sûrement pas grand-chose, Happy ne serait pas allé se confier, ils étaient en froid depuis l’accident... La jeune femme n’y comprenait rien et en fait elle ne voulait plus chercher à comprendre, elle voulait travailler, reprendre son train-train habituel et tenter d’oublier... C’était tellement douloureux! L’envie de pleurer l’effleura à nouveau mais elle parvint à la vaincre avec courage. Tony récupéra le panneau qu’il jeta dans la poubelle la plus proche tout en emmenant son amie vers la sortie. Un de ses mains était posée sur l’épaule de Pepper alors que l’autre s’était emparée de sa valise. Ils n’échangèrent pas le moindre mot jusqu’à la voiture où la jeune femme parvint enfin à prendre son courage à deux mains.
« La conférence s’est très bien passée et je pense que nous aurons des résultats très bientôt. »
Dit-elle, persuadée que parler de travail était de très loin la meilleure solution. Seulement la question lui brulait les lèvres, elle voulait savoir où était Happy et pourquoi Tony était là... Seulement elle n’eut pas le temps de le faire: ils venaient de passer la sortie qui les mènerait au manoir.
« Tu... Tony tu viens de manquer la sortie! »
« Écoutes Pep’s j’ai vu Happy rentrer au manoir cette nuit, je ne sais pas ce qui s’est passé entre vous et je ne veux pas savoir mais... Je pense qu’il est préférable que tu prennes tes distances, tu es encore affaiblie par... Enfin tu sais et lui... Lui n’est plus vraiment lui-même depuis alors... »
« Il ne s’est rien passé Tony! Absolument rien et je vais bien! Ramène moi au manoir j’ai du travail je... Non ramène moi au manoir! »
La voix de la jeune femme se voulait autoritaire et sûre d’elle mais ce n’était définitivement pas le cas. Le malaise était encore tellement grand qu’il lui était impossible de se contrôler pleinement. La seule chose positive là dedans est que Tony n’était pas au courant de leur petit dérapage... Un dérapage qui lui revenait en flash douloureux depuis des heures et dont elle ne parviendrait sûrement jamais à se défaire... Et dire qu’il l’avait littéralement abandonné à Rome! La colère prit le dessus sur la gêne et Tony dû le sentir car il ne reprit pas la parole de suite, se contentant de regarder la route, pesant sûrement chacun des mots qu’il s’apprêtait à dire. Le connaissant, il avait sûrement déjà préparé une autre excuse que l’histoire du voyage pour pousser Pepper à quitter New York quelques temps... Il la connaissait assez bien pour savoir comment s’y prendre.
« J’ai déjà fait transférer l’intégralité de ton bureau au Ranch, tu ne seras pas en vacances mais juste... Ailleurs. Les choses sont de pire en pire à New York et le gouvernement n’est clairement pas en faveur des mutants je ne voudrais pas que... Même si tu n’es pas... Enfin je préfère que tu ne sois pas au cœur de la mêlée, vraiment... J'ai déjà fait assez de mal comme ça... »
La jeune femme resta silencieuse. Tony avait vraiment l’air inquiet et en même temps il y avait cette étrange petite étincelle dans les yeux... Mais elle ne voulait pas en parler, trop consciente que la vie privée de son patron était un sujet plus que sensible depuis quelques temps. Sans compter que la situation de la ville était beaucoup plus importante, ça et le cas des mutants... Qu’avait-il pu se passer pendant son absence? Que pouvait-il lui cacher pour en arriver là? Sans compter que Pepper n’était pas idiote, elle connaissait très bien la situation de l’entreprise et en avait déduit sans difficulté que par
« j’ai fait transporter » il voulait dire
« J’ai transporté » et c’était très loin de la rassurer. Pourquoi aurait-il fait tant d’effort pour l’isoler au fin fond du Montana? Perplexe, la jeune femme resta silencieuse quelques instant alors que Tony zigzaguait avec aisance sur l’autoroute.
« Je... »
« Tu n’as pas le choix, j’ai déjà tout préparé. Ce n’est pas une proposition Pepper c’est un ordre et jusqu’à nouvel ordre je suis ton patron. »
Il avait été un peu sec -chose qui n’était pas non plus dans ses habitudes quand il parlait à Pepper- mais l’inquiétude prônait clairement dans sa voix. Une inquiétude probablement plus focalisée sur l’histoire avec Happy que sur New-York, Pepper en était absolument certaine... Après tout, qui sait ce qu’il leur avait réservé en leur cachant les billets d’avion jusqu’au dernier moment? Tony avait toujours été le premier à tenter de leur arranger le coup alors pourquoi aurait-il décidé de faire autrement cette fois? Surtout qu’il avait devant lui une occasion idéale! Les deux amis ne se regardaient pas, comme si une barrière de gêne étrange les séparait... C’était déjà arrivé avant mais c’était très rare et la jeune femme détestait ça au plus haut point. Si bien qu’elle laissa un nouveau silence pesant s’installer dans l’habitable. Ce n’était définitivement pas son jour de chance...
« Je m’en veux atrocement... Tout est de ma faute... »
« Arrête Tony! Ne t’inflige pas ça ce n’est pas la peine. Tu m’as sauvé la vie ça compense largement tout le reste. » Avec douceur elle avait posé sa main sur la sienne. Tony comptait beaucoup pour elle, il était devenu comme un frère même s’ils avaient des hauts et des bas. Un maigre sourire s’afficha alors sur leurs lèvres. « Dis moi plutôt ce que tu avais mijoté avec les billets d’avion! »
Demanda-t-elle, mimant parfaitement un sourire malicieux qui n’était pas réellement de tout cœur. Tout allait trop vite pour elle et il lui faudrait du temps pour se remettre sur pied mais cet isolement lui ferait le plus grand bien. Finalement, sans oser l’avouer, elle lui était également reconnaissante pour cette idée. Au moins, elle ne verrait plus Happy et pourrait se consacrer pleinement à son travail le tout dans un cadre sans stress et sans trop de technologie: le paradis. L’ambiance dans la voiture s’apaisa soudainement, ambiance presque bon enfant beaucoup plus habituelle entre eux et surtout beaucoup plus agréable après les dernières vingt-quatre heures qu’elle venait de passer. Tony lança un regard pétillant de malice; Elle avait vu juste, il avait préparé un plan pour les mettre ensembles... Un plan qui aurait presque pu marcher... Chose qui la démoralisa un peu plus...
Et pourtant le reste du trajet se déroula très bien: Pepper expliqua un peu les retours qu’elle avait eut de la conférence le soir même alors que Tony lui parlait de son travail au manoir. Une conversation qui peut vous sembler atrocement sérieuse et barbante mais qui ne l’était pas du tout pour les deux amis qui semblait ne pas s’être vu depuis des années... Étrange n’est-ce pas? Et pourtant c’est à ça que ressemblait leur relation depuis son réveil du coma: comme si Tony voulait partager un peu plus avec elle, en savoir plus... C’était gentil et surtout réciproque car elle était consciente que la mort était passée juste au dessus de sa tête, pas question de perdre une minute avec les gens qu’on aime, pas question de laisser trainer le silence trop longtemps... Chose qui lui rappela un peu plus qu’elle venait de perdre la personne qu’elle aimait le plus au monde.
Une chance, ils étaient enfin arrivés au Ranch... Un ranch assez moderne qui avait jadis fait office de bed&breakfast. Il y avait eu quelques travaux à faire pour le rendre plus agréable et surtout pour en refaire un vrai Ranch mais le résultat était probant. Pepper était heureuse d’y revenir enfin et surtout de constater que la dictature n’avait laissé aucune trace sur l’édifice. Il faut dire qu’il était réellement perdu au milieu de nulle part! Mais c’était aussi pour ça qu’elle l’aimait, c’était un coin tranquille et le paysage alentours était à couper le souffle. Et c’est lorsqu’elle tourna la clef dans la serrure qu’elle réalisa pleinement à quel point elle était heureuse d’être là. A part son ordinateur et le téléphone qu’elle avait dans son sac il n’y avait pas la moindre interférence, pas le moindre bruit... Et cette odeur de bois! Ici elle se sentait vraiment chez elle et ça faisait un bien fou. Assez pour lui rendre un sourire beaucoup plus franc.
« J’ai installé ton bureau dans l’une des chambre d’ami. Le plus loin possible de ta chambre pour que tu sois au calme. Tu y trouveras absolument tous les dossiers que tu avais à New York et j’en ai même ajouté quelques uns pour que tu ne t’ennuies pas! Ah oui et même si tu n’en voulais pas je t’ai quand même installé une petite télévision pour que tu restes informée de ce qui se passe. Elle est juste là dans le petit coin et promis c’est la seule autre technologie ici! Je sais que ça te tenait à cœur. Tu as aussi une valise supplémentaire dans le dressing, et le frigo est plein, je voulais être sûr que tu ne manques de rien. »
Il avait fait son speech comme il le faisait toujours: avec cet étrange arrogance qui n’en était pas une. C’était ça le plus grand pouvoir de Tony: faire croire qu’il était chez lui partout et qu’il gérait parfaitement bien tout type de situation... Ce qui était vrai d’ailleurs, ou du moins pratiquement tout le temps.
« Et si jamais tu as besoin de moi pendant une mission? »
« Tu dois quand même te reposer un peu et avec Extremis je n’ai plus réellement... » Pepper lui lançait un regard noir même si un léger sourire peignait toujours ses lèvres. « Mais ton ordinateur est équipé ne t’en fais pas. » Finit-il par dire dans un soupir, rendant le sourire de la jeune femme plus net.
Il ne resta pas très longtemps, il avait des choses à faire et voyait bien que la jeune femme était à bout de force. Ainsi donc, après avoir bu un café et déposé un baiser sur son front, Tony disparut, laissant Pepper seule à nouveau... Une chance que la fatigue ait rapidement eu raison d’elle: incapable de penser à quoi que ce soit elle s’endormit toute habillée sur son lit dont les draps venaient tout juste d’être changés... Une nuit courte mais reposante qui marquait le début d’une nouvelle vie que la jeune femme comptait bien passer la tête dans ses papiers. Elle prit une bonne douche puis s’installa sur sa terrasse pour petit déjeuner, un dossier déjà en main, et il en fut de même tous les matins, tous les midis et tout les soirs: des vacances très prolifiques... Même s’il lui arrivait toujours de penser à Happy et d’en être malade... Il lui faudrait du temps...
Et peut être une bonne conversation avec lui mais elle refusait de faire le premier pas. Pour lui dire quoi de toute façon? Désolée? Désolée de quoi!? Non il ne fallait pas qu’elle y pense, peut être que le temps finirait par arranger tout ça, peut être qu’à son retour ils pourraient faire comme si de rien n’était... Mais quand rentrerait-elle? Où serait-il à ce moment là? Partait-il toujours en mission? Et s’il lui arrivait quelque chose avant qu’ils ne puissent se reparler? La jeune femme poussa un large soupir avant de laisser sa tête tomber sur la table du salon. Elle dominait un amas non négligeable de paperasse mais ne parvenait plus à se concentrer sur son travail, les flash de sa dernière soirée avec Happy ayant reprit le dessus... Comme c’était encore trop souvent le cas... Pourtant cet évènement n’était plus tout récent! Mais elle avait l’impression que c’était hier et ça la tuait...
Elle pouvait encore sentir son souffle dans son cou, la douceur de sa peau contre la sienne, le goût de ses lèvres: Tout, absolument tout était intact dans ses souvenirs... Icompris le regard qu’il lui avait lancé avant de disparaitre... Son cœur se serra pour la énième fois alors qu’elle retenait une nouvelle crise de larme. Il fallait qu’elle arrête d’y penser, c’était du passé et il y avait peu de chance qu’elle le revoit un jour... Après tout, il n’avait plus donné de nouvelles depuis ce jour là! Et Tony ne semblait pas en avoir non plus même si elle ne lui avait jamais clairement posé la question! C’était déprimant, au moins autant déprimant que la café qu’elle venait de se renverser dessus comme une sombre idiote... Qu’elle pouvait être maladroite quand elle pensait à lui, un véritable légume... Heureusement que le liquide avait épargné les documents! Au moins ça!
Elle maugréât dans un soupir alors qu’elle se levait rapidement pour aller se changer. Même si elle était seule depuis plusieurs jours Pepper avait à cœur de rester présentable. Sait-on jamais si Tony venait à passer ou même si... Non,
lui ne passerait pas, il ne devait même pas savoir où elle était... Peut être même la croyait-il encore à Rome... Quel minable! Et voilà, elle s’énervait à nouveau tout en se débâtant avec son T-shirt propre. C’était incroyable à quel point cette histoire la rendait folle! Il n’y avait pas un jour sans qu’elle n’y pense, pas un jour sans qu’il ne lui manque, pas un jour sans qu’elle n’ait la brève envie de lui foutre une claque monumentale! Un nouveau soupir lui échappa juste avant qu’elle ne sursaute: quelqu’un venait de frapper à la porte... La jeune femme s’immobilisa tout net, persuadée qu’elle avait rêvé mais on frappa à nouveau.
Elle enfila précipitamment son haut et descendit les escaliers quatre à quatre. Peut être était-elle inconsciente mais elle n’avait à disposition directe aucun moyen de défense. Mais, en même temps, qui cela pouvait-il être au juste? À part Tony ou un voisin lointain? Ou peut être des touristes égarés (même si cette dernière possibilité était à bannir)? Son cœur manqua plusieurs bonds quand elle ouvrit la porte pour se retrouver, comme à Rome, nez à nez avec Happy en personne... Il y eu un bref, très bref silence puis, alors qu’il allait parler, elle lui claqua la porte au nez. Non mais pour qui se prenait-il à venir jusqu’ici pour l’embêter?! Son cœur avait reprit un rythme endiablée alors que sa tête venait se plaquer contre la porte. Elle restait silencieuse, incapable de prononcer le moindre mot... Il fallait qu’ils s’expliquent, que les choses s’arrangent, il lui manquait trop...
Pourtant elle ne fut pas capable d’arranger les choses et, entrouvrant presque inconsciemment la porte, la jeune femme se dirigea vers le canapé à quelques pas en face de l’entrée. Il pouvait entrer si ça lui chantait mais elle n’avait pas réellement envie de cette confrontation... À vrai dire, ce dont elle avait vraiment envie c’était de finir ce qu’ils avaient commencé ou de lui coller une énorme tarte dans la figure... Ou bien les deux! Dos à la porte, ses deux mains sur le dossier du canapé, elle attendait, tentant comme elle le pouvait de reprendre son souffle et son calme. Il était venu jusqu’ici pour elle... Mais pour quoi au juste? Elle mourrait d’envie d’en finir une bonne fois pour toute, de mettre les points sur les i... Mais elle n’en était pas capable, pas plus qu’elle n’avait été capable de réellement le regarder quand il s’était présenter à elle...