Je hais les animaux. Enfin, je hais les animaux des autres, principalement. En effet, je m'entends très bien avec mon hibou. En ce qui concerne les chats... Merlin, les chats. Je vous vois venir avec vos « Ooooh, mais c'est adorable, les chats ! » et vos regards luisant d'émerveillement rien qu'en imaginant l'une de ces petites boules de poils joueuse à l'extrême. Mais voilà, c'est ça le problème. Les chats sont joueurs, trop pour ma patience, et trop pour leur propre bien également.

Je sortis de ma salle commune en trombe, sous les éclats de rire absolument pas retenus de mes chers camarades de maison, et me lançai aussitôt à la poursuite, je vous le donne en mille... d'un chat. Oubliant les bonnes manières, je poussai même un juron en voyant que je me faisais distancer par l'animal qui venait de sauvagement me déposséder de ma plume de corbeau, au prix de quelques coups de griffes sur les mains lorsque j'avais commis l'erreur de me débattre. Et évidemment, les autres étaient restés dans la salle commune à rire de mon sort, tous vautrés qu'ils étaient sur les canapés autour du feu. De toute façon, à Serpentard, c'était chacun pour soi et Merlin pour tous, je ne pouvais donc décemment pas espérer un coup de main venant de la part de l'un d'entre eux. C'était bien dommage d'ailleurs, j'aurais volontiers laissé à l'un de mes camarades le soin de dépecer cet animal de malheur une fois que je l'aurais attrapé !

« REVIENS ICI TOUT DE SUITE, STUPIDE ANIMAL ! » m'égosillai-je sans aucune retenue au beau milieu d'un couloir sombre.

Cela eut malheureusement pour effet de le faire accélérer davantage. Peut-être percevait-il nettement toutes les menaces de mort, de sa mort, qui sonnaient dans ma voix si jamais il abimait ma plume ? Enfin, abimée ou pas, il risquait fort de passer un très mauvais quart d'heure si jamais ce petit jeu du chat et de la souris - vous m'excuserez l'humour douteux - durait trop longtemps à mon goût. Je piquai à mon tour un sprint, me rattrapant tant bien que mal aux murs lorsque je prenais un virage un peu trop serré. En outre, les cachots étaient toujours particulièrement humides, et je sentais mes pieds déraper dangereusement de temps à autre. Pourtant, dans l'immédiat, ce manque d'adhérence au sol était bien le dernier de mes soucis. Ce chat était ma cible, et je l'aurais, coûte que coûte. D'une, parce que je tenais énormément à cette plume, et de deux, parce que mon orgueil m'empêchait définitivement de revenir bredouille dans la salle commune des Verts et Argents, au risque de devoir - encore - subir leurs rires narquois. Oui, vous l'aurez compris, les Serpentards sont des êtres mesquins et moqueurs, même entre eux.

Ce chat était en train de m'entraîner dans des coins reculés des cachots, et je ne m'en rendais même pas compte, trop occupé que j'étais à tenter de le rattraper. Une toile d'araignée s'accrocha à mon visage, je la dégageai à grands gestes sans pour autant stopper ma course, malgré la sensation particulièrement désagréable que cela me procurait sur la peau. Je glissai une nouvelle fois sur les pavés humides, et par conséquent glissants, et manquai de m'étaler par terre. Je me rattrapai en un dérapage pas du tout maîtrisé mais qui eut néanmoins le mérite de me garder sur pieds, et repris aussitôt ma course en criant une série d'injures à l'attention de ce charmant animal vénéré des Egyptiens. Que pouvaient-ils donc bien lui trouver ?!

Un point de côté me brûlait le flanc et j'avais de plus en plus de mal à respirer, mais un sourire victorieux se dessina sur mes lèvres lorsque je pris conscience que ce chat était fait... comme un rat. Ou du moins, ce fut ce que je pensai tout d'abord, car il venait de s'engager dans un cul de sac. Il se retourna pour me voir approcher, et je pouvais voir ses grands yeux luire dans l'obscurité des cachots. Je me voyais déjà vainqueur, auréolé de gloire et revenant dans la salle commune en portant l'animal par la peau du cou afin d'en trouver le propriétaire, mais c'était sans compter sur une flaque d'eau qui s'étalait sur le sol. Je la vis trop tard et fus incapable de freiner, et ce que j'étais parvenu à éviter tout le long de cette poursuite arriva finalement : je m'étalai lamentablement au sol, et je fus quasiment certain de voir ce chat se foutre ouvertement de mon infortune lorsqu'il me sauta par dessus pour s'échapper à nouveau.

« RESTE ICI ! » braillai-je à plein poumons, ou du moins avec ce qu'il me restait de poumons, mais évidemment, il ne m'écouta pas.

Je restai au sol, le dos endolori par cette chute, et me passai une main sur le visage, fatigué et surtout, la respiration erratique. Finalement, je commentai avec lassitude pour quiconque m'entendrait :

« Je hais les chats. »

Studieuse. Voilà le mot qui, à cet instant précis, pouvait qualifier la jeune fille en train de gratter sa plume sur le parchemin. Qu'était-elle en train de faire au juste ? Ses devoirs ! Cela va de soi...Pour une bonne étudiante, il n'y a d'autres solutions. La réalité était tout autre...
Lindra s'occupait à rédiger une punition pour son professeur de potions préféré qui consistait à détailler sur 60 centimètres de parchemin la meilleure façon d'apprendre son cours. Autant dire mission impossible et impossiblement barbante. Elle planchait dessus depuis déjà une heure et demi et n'avait réalisé que 15 centimètres. Elle ne voyait vraiment pas comment rendre ce torchon au professeur Rogue qui n'était pas du genre clément avec les élèves, si ce ne sont ceux de sa maison. Elle inspira un grand coup et décida de tenter le tout pour le tout. Rendre visite au directeur de Serpentard, se confondre en excuse et passer l'éponge...
Et puis quoi ! Il était hors de question de capituler pour une bataille telle que 60 centimètres de parchemin ! Elle inspira bruyamment, s'encouragea, plus déterminée que jamais et se mit à écrire...encore et encore, ses idées jallissant de part et d'autre se sa boîte cranienne. Le cours de potions n'était pas le plus ennuyant de tous après tout...
En une dizaine de minutes, elle réussit à boucler une heure et demi de frustration. Elle posa sa plume, sourit légèrement, prit son parchemin et quitta sa salle commune. Elle allait rendre sa punition au professeur Rogue sur-le-champ. Bien entendu, personne ne se trouvait au bureau du professeur de potions, ce qui l'obligea à se rendre en terrain inconnu...

Elle ne connaissait rien des cachots, si ce n'est sa salle de cours. Ce fut donc la première fois qu'elle parcourut cette partie du château. Le sentiment qui l'habitait alors était un mélange d'excitation et d'appréhension. Les autres maisons, bien que différentes, n'avaient rien à voir avec celle de Serpentard. Celle-ci était de loin la plus effrayante.
Après tout, elle avait été celle du Grand Mage Noir et d'autres encore que Lindra ne connaissait pas - ou connaissait depuis trop longtemps -. L'image qu'elle s'était faite ne ressemblait en rien à ce qu'elle explorait alors. C'était de loin le lieu le plus noir et sombre du château. Le moins confortable sans doute. Elle se demandait réellement comment leur salle commune pouvait être chaleureuse, du moins aussi chaleureuse que la sienne. Où allait-elle au juste ? Elle n'en avait pas la moindre idée et espèrait simplement qu'un quelconque esprit allait lui indiquer le chemin à suivre. Alors qu'elle souhaitait cela, elle entendit comme un hurlement de rage et sursauta. Son coeur battait à tout rompre et elle se demanda si ce n'était pas son inconscient qui lui jouait des tours.

* Sigmund...aide-moi ! *

Elle sortit sa baguette, légèrement tremblante et prit son courage à deux mains en murmurant " lumos ". Elle s'avança lentement, d'un pas des plus mal assurés et retint un cri de stupeur en voyant émerger quatre pattes sur lesquelles se dressait une tête touffue aux longues moustaches et aux yeux perçants. Elle soupira doucement, rassurée et attrapa le chat. Alors qu'elle le caressait en se demandant à qui il pouvait bien appartenir, elle entendit distinctement ces mots.

« Je hais les chats. »

Elle s'avança un peu plus et constata que le spectacle qui s'offrait à elle était d'une incroyable bizzarerie. Un élève de Serpentard se trouvait allongé par terre, la respiration haletante, les cheveux couverts de ce qui semblait être une toile d'araignée. Lindra ne savait pas quoi dire ni faire et tenta de se rapprocher de ce jeune homme qui était loin de la rassurer. Elle déglutit difficilement avant de demander.

" Est-ce que...je peux vous aider ? "

C'était stupide et puéril comme question, certes...mais elle ne pouvait pas trouver mieux. Elle ne savait pas encore si cet être allongé sur le sol humide des cachots était en totale maîtrise de ses facultés mentales et le fait qu'il paraisse inerte n'arrangeait pas les choses. Une foule de question se mêlaient dans la tête de la jeune fille. Pourquoi en vouloir à ce chat ? Etait-il son propriétaire ? Visiblement non. Alors pourquoi et surtout comment s'était-il retrouvé dans une telle situation ? Lindra songea que cette question allait rester scellée à jamais dans un tiroir de sa mémoire...du moins, pour le moment.

J'allais amorcer un mouvement qui s'annonçait pénible et douloureux pour me relever lorsqu'une voix résonna dans le couloir. Une voix féminine, qui plus est. Je décidai donc de rester allongé encore un peu, et de toute manière, j'étais bien trop crevé pour espérer me remettre sur pied rapidement. Tournant légèrement la tête sur le côté, mon regard se posa sur la nouvelle arrivante qui me demandait si elle pouvait m'aider. Tiens, ça faisait longtemps qu'on ne m'avait pas proposé de l'aide... Je m'apprêtais à lui répondre qu'à moins qu'elle fut capable de me rapporter la dépouille de ce chat de malheur, je ne voyais pas vraiment comment elle aurait pu m'aider, mais je remarquai ce qu'elle tenait au creux de ses bras.

Un chat. Le chat. Celui qui m'avait fait parcourir ce que je considérais comme étant la moitié des cachots de Poudlard tant j'étais hors d'haleine, celui qui m'avait fait échouer ici, par terre, avec les cheveux collés par une toile d'araignée et un potentiel lumbago pour les prochains jours. Et il me fixait d'un oeil narquois en balançant doucement sa queue, j'en étais persuadé ! L'espace d'un instant, j'affichai un sourire aussi large que si on m'avait annoncé que l'on fêterait mon anniversaire une fois par mois. Cette vision me revigora aussitôt et je me remis sur pied en gestes lents et méticuleux, préservant les derniers os qu'il me restait. Je pris même le temps de m'épousseter et de passer une main dans mes cheveux pour en ôter cette toile répugnante, avant de me diriger, toujours sans rien dire, vers l'adolescente. Une fois devant elle, je répondis avec un sourire :

« Tu viens de le faire, je te remercie. »

Et sans lui laisser le loisir de protester, j'attrapai le chat par la peau du cou et le soulevai à hauteur de mon visage, à distance respectable tout de même, pour prévenir quelque coup de griffe. Le chat était un animal méfiant, et je venais d'apprendre à me méfier de lui également... C'était une leçon que je n'étais pas prêt d'oublier ! Maintenant que je l'avais attrapé, il avait la queue entre les pattes et les oreilles baissées en signe de soumission, et cela me fit afficher un sourire ouvertement moqueur. Oui, j'avais conscience que la fille ici présente devait me prendre pour un fou ; après tout, quel être mentalement sain prendrait un malin plaisir à se moquer d'un chat ? Même les Serpentards n'étaient pas aussi dérangés... Mais celui-là m'en avait tellement fait baver que je voulais savourer ma victoire, même si celle-ci ne me revenait pas totalement. Au moins, je l'avais attrapé.

« Tu fais moins le malin maintenant, hm ? » demandai-je à l'animal. « Crois-moi, tu m'as eu une fois, ça ne se reproduira plus. »

C'était tout bonnement génial. Pas que je trouvais cela jouissif de terroriser un animal, loin de moi cette idée... Mais il avait l'air tellement effrayé à l'idée de ce que je pourrais lui faire subir que je venais d'avoir ma petite revanche, puérile, certes, mais très satisfaisante. Eh non, désolé, j'exagérais simplement en parlant de dépecage et autres tortures dignes de Salazar Serpentard ! J'avais beau appartenir à sa maison, je n'étais pas aussi cruel.

Sans lâcher l'animal - on ne savait jamais - je m'avançai un peu dans le couloir pour aller récupérer ma plume qu'il avait lâchée, en entendant la jeune fille arriver, probablement. Je retins un grimace en me baissant pour la ramasser, et une fois que je fus sûr et certain qu'elle était là, et encore utilisable, je retournai coller cette boule de poils exaspérante dans les bras de sa sauveuse. Elle était un peu abîmée, mais vu les dents du petit monstre, ç'aurait pu être bien pire... Je désignai ma plume de corbeau à l'élève - de Serdaigle, visiblement - et expliquait simplement :

« Il me l'a volée et m'a balladé dans une bonne partie des cachots. C'est quasi un exploit de l'avoir attrapé. »

Ce qui, dans mon langage, équivalait à un merci.

Bien que n'ayant pas la moindre idée de qui était cet individu chasseur de chats,Lindra semblait complètement perdue et ne remarqua pas immédiatement que l'animal avait disparu de ses bras. Certes, il devait avoir au bas mot 4 ans de plus que la jeune Serdaigle mais son comportement était pour le moins des plus inhabituels. Lorsqu'il se releva, Lin resta figée sur place bien qu'elle n'était pas le moins du monde rassurée. Loin de la faire changer d'avi, le sourire du jeune homme avait quelque chose de mauvais...mais elle ne savait pas qu'il ne lui était pas adressé directement. Il en avait après ce chat et non après Lindra. Enfin, elle l'espèrait...N'avait-elle pas eu la preuve qu'il ne faut jamais se fier aux apparences des autres, même si ceux-ci paraissent des plus suspects ? Même si elle n'était pas une fervente protectrice des animaux et en particulier des chats, elle ressentait une certaine appréhension à le lui laisser. Fort heureusement, le jeune homme plaçaà nouveau le chat dnas les bras de Lindra qui ne broncha ni ne s'offusqua. Elle l'écoutait et regardait alternativement le jeune homme de Serpentard et le chat. Tout en écoutant son récit, elle essayait de se reconstituer la scène et réprima un léger sourire qui n'avait rien de moqueur. Elle regarda à son tour l'animal et dit très simplement.

" Ainsi donc, un chat si insignifiant soit-il a fait endurer le pire à un élève de Serpentard...Comme quoi, il ne faut jamais se fier aux apparences. "

Elle releva la tête et découvrit avec stupeur le jeune homme. Il avait au moins une bonne tête de plus qu'elle et lui non plus n'était pas au mieux de sa forme. Elle remarqua les quelques griffures sur ses mains et sa respiration n'avait pas encore une rythme normal. Ce chat était certainement possédé par un esprit bien plus dangereux que Peeves.
Elle passa une main douce sur la tête du fautif et celui-ci ferma les yeux en ronronnant paisiblement. Il croyait sans doute qu'elle allait tout faire pour prendre son parti et le libérer de celui qui désirait plus que tout lui faire passer un sale quart d'heure. Lindra sourit une nouvelle fois et détacha son regard de l'animal pour le reporter dans celui du jeune homme. Elle regarda la plume en lambeaux et crut comprendre qu'il la remerçiait. Décidément, elle avait une chance inouïe de tomber sur des individus qui avaient autant de facilités qu'elle pour les relations sociales avec les autres élèves. Elle se sentit cependant gênée et répondit.

" Je n'ai rien fait de spécial...Je suis arrivée dans ce couloir et il est venu vers moi...donc je l'ai pris. "

* Comme s'il n'avait pas compris le déroulement de la scène. T'as encore des progrès à faire cocotte !!! *

Elle baissa à nouveau la tête et se rappela soudain pour quelle raison particulière elle était descendue de sa salle commune pour parcourir ces effroyables cachots. Elle regarda le jeune homme et demanda d'une voix qui se voulait neutre mais paraissait presque implorante.

" Désolée mais...je suis ici pour rendre une pun...un devoir au professeur Rogue. Il n'est pas dans son bureu et je ne sais pas où le trouver. Est-ce que tu pourrais m'indiquer un endroit où il pourrait être ? "

Aimable, quelque peu formelle mais tout ce qu'il y a de plus sympatique pour Lindra...Espèrons qu'il pense la même chose d'elle et peut-être qu'elle pourrait enfin en finir avec ce maudit parchemin de 60 centimètres !

Alors que je lui expliquais en quelques mots ce qu'il m'était arrivé, et comment ce chat m'avait lamentablement fait atterrir ici, je vis un sourire jouer sur les lèvres de la jeune fille. Elle chercha à le dissimuler, certes, mais le léger amusement qui l'habitait se lisait également dans ses yeux et ne m'échappa pas. D'accord... Je l'amusais. Charmant, vraiment. J'aurais préférer la terroriser, au moins la situation aurait été à mon avantage. Mine de rien, j'avais honte d'avoir été trouvé dans une posture si pitoyable. Enfin, je pouvais tout de même m'estimer heureux, j'aurais très bien pu tomber sur un ou une élève de Gryffondor... Là, je crois que mon infortune aurait été totale, et que la seule solution qui m'aurait été laissée aurait été d'aller me jeter du haut de la tour d'astronomie. Vu les douleurs que j'avais dans le dos et sur les reins à cause de ma chute, je n'aurais pas été capable d'autre chose, de toute manière.

J'arquai un sourcil à sa remarque. Elle se moquait de moi, là, hein ? Elle se foutait de moi... Etrangement, lorsqu'elle me servit l'éternelle phrase toute faite « il ne faut pas se fier aux apparences » digne de Dumbledore lui-même, j'eus la désagréable impression d'être jugé. C'était quoi, ça ? Un message caché à l'attention de mes camarades de maison et moi-même ? J'étais trop susceptible, je le savais. Mon visage se ferma quelque peu et je la fixai longuement, essayant de déceler une quelconque trace d'humour ou au contraire, d'ironie dans les traits de son visage et dans ses yeux, mais elle avait juste l'air d'avoir dit cela... anodinement. Cela ne m'en frustra que davantage, parce que cette réflexion devenait alors complètement stupide et injustifiée. Je passai une main dans mes cheveux pour finir d'ôter la toile d'araignée qui s'y était fixée, puis répondis d'un ton un peu sec :

« Je ne vois pas ce que ma maison vient faire là-dedans. »

Je dardai sur elle un regard presque inquisiteur et continuai :

« C'est pas parce que je suis à Serpentard que ce chat a décidé de détruire ma plume, et c'est pas parce que t'es à Serdaigle qu'il a bien sagement sauté dans tes bras. »

Je retins un soupir exaspéré, puis lançai un regard mauvais au chat qui venait de se mettre à ronronner sous les caresses de la demoiselle. J'avais la fâcheuse tendance à tout prendre au premier degré, je le savais, mais quoi ? Il fallait arrêter de croire que les Gryffondors étaient les preux chevaliers qui sauvaient la veuve et l'orphelin et que les Serpentards étaient quant à eux les monstrueux dragons qui kidnappaient les princesses et ravageaient les contrées. En outre, ces stupides préjugés ne semblaient concerner que ces deux maisons. Pourquoi ne parlait-on jamais des Serdaigles et des Poufsouffles ? Trop insignifiants et communs pour que l'on pensât à eux, peut-être ?

Je ramassai ma baguette qui m'avait échappée lors de ma chute et la glissai dans la ceinture de mon pantalon. Je n'avais désormais plus qu'une envie : retourner m'enfermer dans la salle commune. Toutefois, je me tournai vers la Serdaigle lorsqu'elle me demanda où elle était susceptible de trouver le Professeur Rogue. Tiens donc ? Une punition ? Avec Rogue, ça n'était guère étonnant. Quoique si, un peu, dans la mesure où il était beaucoup plus facile pour lui de retirer des points plutôt que de s'ennuyer à lire des punitions en plus des devoirs qu'il avait déjà à corriger. Un bref instant, je fus tenté de la laisser se débrouiller seule. Je savais pertinemment que beaucoup de mes congénères, s'ils avaient été à ma place, l'auraient purement et simplement ignorée et seraient repartis sans un mot à son égard. Mais voilà, je n'étais pas comme beaucoup de mes camarades, ou du moins, pas totalement. Celle fille m'avait offert son aide alors que rien ne l'y obligeait, et je ne voulais rien devoir à quiconque. La moindre des choses était donc de lui renvoyer le portoloin. Je lui répondais, elle s'y rendait, et c'était fini.

Enfin, c'était plus facile à dire qu'à faire... Pas par orgueil, non, mais la question en elle-même n'était pas facile. Où donc pouvait être Rogue si ce n'était dans son bureau ?

« Sa réserve d'ingrédients, peut-être, » répondis-je finalement. « Il n'y a plus de Pimentine à l'infirmerie, il doit être en train d'en faire. »

Quelque chose de désagréable était en train de se produire. Lindra avit la nette impression que ce jeune homme la méprisait. Pour quelle raison ? Elle n'en savait fichtre rien, ce qui n'était pas pour arranger les choses. Qu'elle soit insignifiante aux yeux des élèves et des professeurs passe encore...mais qu'elle soit détestée ou pire...méprisée, sans avoir un quelconque motif, ça, ce n'était pas acceptable. Le ton qu'il prenait avec elle n'était pas non plus d'une grande amabilité. Rien à voir avec l'autre élève de Serpentard qu'elle avait croisé. Pas étonnant qu'on les traite de cette manière s'ils sont aussi susceptibles ! Le regard qu'il lui lançait en disait long sur ce qu'il pensait d'elle et même si elle ne préférait pas songer aux monstruosités qu'il pouvait énoncer à son égard, elle n'allait certainement pas le laisser s'en tirer comme ça. Pour une fois qu'un élève se présentait à elle sous un plus mauvais jour...Non, il ne devrait pas repartir avec ce regard sur elle.
Lorsqu'il lui répondit, elle comprit son erreur et ce qu'elle n'aurait pas dû dire. Elle tenta alors de se rattraper sur un ton des plus fermes qui soit.

" Je n'ai aucun préjugé sur la maison de Salazar Serpentard, ni sur aucune autre d'ailleurs. Je suis désolée si mes propos ne t'ont pas convenu. "

Elle le fixait à son tour, son regard plongé dans le sien. Comme si elle n'avait que des préjugés à avoir...S'il y a bien une chose qu'elle détestait par dessus tout, c'était les multiples ragots que les élèves pouvaient raconter sur un élève ou même une des quatre maisons. Elle n'y avait jamais pris part et ne le ferais certainement jamais. Le fait qu'il croit qu'elle fasse partie de ce genre d'individus la mettait hors d'elle. Extérieurement, elle paraissait juste ferme et déterminée à ce qu'il la croit. Intérieurement, elle hurlait à l'injustice. Chaque fois qu'elle s'adressait à quelqu'un lorsqu'elle se sentait menaçée, elle devenait des plus formelles. Le jeune homme n'allait pas échapper à la règle. Alors qu'elle était sur le point de riposter comme il se doit, il fit comme si elle était inexistante. Elle crut qu'il allait la laisser là et se débrouiller mais, étrangement, il lui indiqua un endroit où il pourrait peut-être se trouver. Elle fut tellement coie qu'elle resta figée, son regard pétillant posé sur le jeune homme. Très bien, la réserve d'ingrédients du Professeur Rogue.
Mais...où était-ce exactement ? Elle réfléchissait rapidemment mais ne voyait vraiment pas où elle pouvait se trouver...Elle ne savait pas non plus si elle devait le demander au jeune homme qui...Qui n'était plus là ?!

" Attends ! "

Sans réfléchir, elle venait de le rattraper et accrochait sa manche. Elle remarqua le regard coléreux et presque de dégoût qu'il lui lança. Du moins, elle le ressentait de cette manière. Elle lâcha prise et s'empressa d'ajouter avant qu'il ne l'insulte.

" Je m'excuse de t'importuner une seconde fois mais je...je n'ai aucune idée de l'endroit où se trouve la réserve d'ingrédients du professeur Rogue. "