Asriel, ce nom vous dirait il quelque chose? Eh bien, la jeune sorcière a hérité de ce patronyme, alors que sa mère lui rabâchait à longueur de temps qu'elle ne devait pas salir la réputation de sa famille. Le caractère de la belle ne laissant personne lui dicter sa conduite, pas même la pseudo-figure d'autorité maternelle, elle ne se soucia guère de la renommée des Asriel. C'est seulement lorsqu'elle entra à Poudlard qu'elle comprit qu'elle suivrait les traces de son père, et lui ferait honneur, non pas à cause de ce que sa mère lui disait, mais parce qu'elle l'admirait pour l'Auror qu'il était. Comment, ce n'est pas de cet Auror renommé que vous connaissiez ce nom? De sa mère peut être alors, qui travaillerait, à ce que l'on raconte, dans le Département des mystères...

Zephyr. Prénom peu commun, je vous l'accorde. Prénom masculin, en plus de cela, on voit tout de suite les parents dont l'imagination a tendance à déborder un peu trop... Élevé par une mère moldue, son père fut bercé au son de sa voix racontant divers contes issus notamment de la mythologie grecque. Il était donc évident qu'il baptiserait ses enfants de prénoms à forte signification. Zéphyr représenterait le dieu des vents de l'ouest, au départ dangereux et violent, se radoucissant par la suite, collant plutôt bien aux sautes d'humeur de la jeune fille. Mais cela ne s'arrête pas là, si la femme Asriel laissa à son mari le choix du prénom, elle décida de lui en attribuer un second , tout aussi spécial. Eden - décidemment, attifée de prénoms bien masculins, la jeune fille n'eut pas vraiment de chance à ce niveau -. Eden, en hébreu, le délice, et synonyme de paradis. Deux prénoms des plus originaux, pour une personne qui l'est tout autant.

La demoiselle a eu la joie d'obtenir son Brevet Universel de Sorcellerie Élémentaire l'an passé, et poursuit donc sa sixième année à Poudlard. Zephyr est donc âgée de 16 Ans.

“ L’étrange, ça n’existe pas simplement à l’extérieur. C’est en vous, en ce moment, cela grandit dans le noir comme des champignons magiques. Appelez ça la Chose de la Cave. Appelez ça les Trompettes de la Folie. Moi, j’y pense comme à mon dinosaure personnel, une créature gigantesque, décharnée et stupide qui patauge dans les marais puants de mon inconscient et ne trouve jamais de puits à fossiles assez grands pour s’y réfugier. ”

- ASRIEL !
Une interpellation.
- ASRIEL ARRÊTE TOI!
Une interpellation, bien plus forte cette fois, lancée par une voix rendue un peu plus rauque que d'ordinaire, sous l'effet de la colère. Un ordre même. La jeune fille ne supportait pas qu'autrui décide de ses actes à sa place, et un léger frémissement vint troubler son visage de marbre. Elle ne savait pas exactement depuis quand le sorcier la suivait, mais elle se doutait qu'il avait dû planifier à l'avance la manière dont allaient se dérouler les choses. S'il avait décidé de témoigner de sa présence à cet instant, c'est qu'il y avait une bonne raison pour cela. Ils étaient seuls, sans aucun moldu aux alentours, ni même un sorcier. L'instinct de la sorcière ne la trompait jamais, et bien qu'elle lui tourne le dos, elle ne doutait pas un instant de la raison de cette rencontre improvisée. Être la fille d'un Auror présentait certes bien des avantages. Mais lorsque le sorcier traqué se révélait être un membre de la famille d'un de vos amis, ou de vos simples camarades de classe, la situation était bien moins plaisante. Connaissant la réputation du paternel de son interlocuteur, elle comprit rapidement qu'il avait dû être rattrapé par son propre père. Zephyr se figea sur place, arquant légèrement les sourcils. Elle n'avait pas l'intention de fuir, cela ne faisait pas partie de son tempérament, et la lâcheté ne compterait jamais parmi ses défauts. Depuis son enfance, elle avait toujours su faire face aux évènements de ce genre, qui n'avaient fait que se multiplier depuis son arrivée à Poudlard. Elle était de ces personnes qui n'ont pas froid aux yeux, et qui préfèrent faire directement face à la menace plutôt que de la contourner pour mieux la retrouver ensuite. Pas naïve pour un sou, et rusée comme pas deux, la jolie blonde avait acquit l'art de se tirer des situations difficiles. Non pas qu'elle soit malchanceuse au point de se retrouver sans arrêt étouffée sous une masse de problèmes. Plutôt un brin téméraire, du genre à faire les quatre cents coups lorsque l'envie la prenait, sans pour autant se jeter dans des affaires qu'elle jugerait perdues d'avance.

Elle pivota sur ses talons, posant son regard aussi bleu et clair qu'un saphir sur lui. Ses yeux présentaient sans doute la plus grande empreinte de force de son physique, exerçant une implacable attraction sur les individus qui l'entouraient, crépitant d'une foule d'émotions impossibles à distinguer les unes des autres. Ils représentaient en quelques sortes les portes du palais complexe de son esprit, bien que les sentiments qui les traversent ne soient en général qu'une simple illusion, modulée par la jeune fille. Beaucoup de personnes avaient dans l'idée que du sang vélane coulait dans ses veines, ce qui aurait pu expliquer son charme magnétique. Zephyr savait quel impact son physique avait souvent sur la gent masculine, et ses réactions à leur égard dépendait le plus souvent de son humeur. En règle générale, elle ne mettait cependant pas cette apparence nymphique à profit, préférant obtenir ce qu'elle désirait par la ruse. Son sens de l'observation affuté lui dicta que le sorcier n'y serait pas sensible cette fois, son visage n'était que rage et elle capta un léger mouvement de sa main vers la poche de son jean. Sur ses gardes, les traits parfaitement ciselés de son visage arboraient cependant une expression détendue.

- Tiens donc, Gabriel McCaughan. Moi qui pensais que je n'aurais pas le plaisir de te revoir avant la rentrée.

L'ironie était telle qu'elle en était presque palpable. L'atmosphère était très tendue, et ses propos ne contribuaient en rien à l'améliorer, Zephyr en était totalement consciente. Mais c'était plus fort qu'elle, elle n'aimait pas entrer dans le jeu de la violence et savait en général maîtriser sa colère. Elle préférait jongler avec le sarcasme, dont elle usait alors comme elle respirait. Tant pis pour ceux qui venaient l'importuner avec leurs intentions mauvaises, s'ils souhaitaient l'humilier, ils repasseraient. L'éducation qu'elle avait reçue de sa mère avait tout de même eu quelques points positifs apparemment, puisque Zephyr ne se laissait pas marcher sur les pieds. Elle savait également rester impartiale, ne prenant jamais partie, et étudiant les conflits en retrait, de manière à se forger sa propre opinion. Beaucoup prenait cela pour du dédain, mais ceux ci n'avaient encore rien compris... Prenez par exemple les conflits inter-maison. La belle n'avait jamais compris cela, quel était donc le but de mener cette guéguerre de bac à sable? S'attaquer aux autres sous prétexte que leur blason était bien différent du notre, sans même prendre le temps de faire connaissance avec l'individu ? Perpétuer les bonnes vieilles habitudes de nos ancêtres sans même les remettre en question la dépassait totalement.
Nombreux étaient les élèves de Poudlard qui la jugeaient trop étrange pour être fréquentée, sous prétexte que ses opinions ne convergeaient en rien avec les leur. Peu jusqu'ici étaient parvenus à comprendre son caractère complexe aux multiples facettes. La qualité qui se démarquait le plus des autres était peut être cependant son intelligence, tandis que son lunatisme entrait dans la catégorie de ses défauts. Sa tendance à passer tour à tour par des sentiments extrêmes tels que ferveur ou exaltation, coups de tête ou calme tenace; faisait d'elle quelqu'un à part. Elle n'avait jamais eu de gros problèmes avec Gabriel, et mis à part quelques sorts bénins, ils ne s'étaient jamais affrontés. Ils avaient été assez proches par le passé, mais dès lors que Lee Asriel s'était mis à rechercher Joe McCaughan, leurs rapports s'étaient effilochés, pour finalement s'évaporer dans les airs, comme s'ils n'avaient jamais été amis.

- Arrête de jouer tout de suite, ou bien tu risquerais de le regretter !
- Je n'en doute pas Gabriel.
- Mon frère vient d'être envoyé à Askaban par la faute de ton pouilleux de père !!!
- Ah, j'aurais plutôt parié sur Joe.
- Tu trouves ça drôle, idiote?!
- Non, je constate juste le fait que ton frère ne restera pas seul longtemps.
- Tu sais ce qu'Askaban signifie! Il est encore jeune! Il va devenir cinglé!
- Tu m'en vois navrée.

Gabriel s'était approché de manière imperceptible, et Zephyr restait immobile, le fixant sans ciller, sentant que son sang froid se faisait peu à peu la malle. Une légère brise s'était levée, et quelques fines mèches blondes vinrent se placer devant son visage. Le silence de la soirée était profond, et seul le souffle exaspéré du sorcier le troublait. Zephyr sentit un frisson parcourir son échine lorsque les doigts du jeune homme se refermèrent sur sa baguette, dissimulée par sa veste. Elle savait de quoi il serait capable, s'il pétait un plomb, et elle commençait à se rendre compte de l'ampleur de la situation. Ce n'était pas pour discuter qu'il était ici, elle en avait la conviction. Beaucoup pensaient qu'elle avait un lien avec le travail de son père, comme si elle était autant responsable que lui de l'emprisonnement et des procès des adeptes de la magie noire. Zephyr encaissait cela sans trop broncher, et se défendait à sa manière. Elle reprit la parole alors qu'il s'approchait encore.

- Je te conseille de ranger ta baguette.

Il partit dans un éclat de rire. Dernier recours de sa rage, et de son désespoir, sans doute, puisqu'il sortit sa baguette de sa poche dans un mouvement rapide, sans pour autant la braquer sur elle. Le serpentard avait toujours pris son temps. Zephyr l'avait souvent vu s'attaquer aux gryffondors, faisant monter leur angoisse en tournant autour d'eux tel un rapace, sans attaquer immédiatement. Cela ne marcherait pas avec elle. Elle ne voulait pas que cela marche avec elle...

- Que comptes tu faire? Nous ne sommes pas majeurs je te signale.
- Si tu crois que leurs lois me font peur!!
- Tu ne sais pas ce que tu dis...
- Oh! Mademoiselle a peur de se faire disputer par Papa!

Il ricana une nouvelle fois, alors que les sourcils de Zephyr se fronçaient, et qu'une ombre passait sur son visage. Il la connaissait assez pour comprendre que son petit manège marchait à la perfection sur la belle. Sa baguette était soigneusement rangée dans la poche arrière de son jean, mais elle n'avait pas l'intention de s'en servir. Elle savait ce qu'elle risquait en employant la magie en dehors de l'école, et ne tenait pas à être renvoyée de Poudlard. Et au fond, c'était vrai, elle respectait bien trop son père.

- Cet enfoiré m'a pris mon frère, et veux aussi mon père...

Gabriel parlait autant pour elle que pour lui même, et grommelait ses paroles à voix basse, écumant de rage.

- C'est sa fille qui va payer pour ses erreurs...
- Ah! Et comment donc? Tu vas me tuer? C'est vrai que tu ferais honneur à ton père Gab', il serait sûrement fier de toi! Oui, ça doit être sympa, les réunions de famille à Askaban!

Il resta interdit, face au venin qu'elle se plaisait à lui cracher à la figure. Une voix lui soufflait d'arrêter, de renoncer à se défendre, de subir l'humiliation pour repartir ensuite. Mais la colère s'emparait d'elle, et un sourire narquois sur les lèvres, elle continua de déverser son flot de paroles enragées. Avant de s'arrêter, écartant les bras en le sondant du regard. Son ton mordant s'était radouci.

- Vas y. Éclate toi. Tu n'oublieras pas de passer le bonjour aux Détraqueurs de ma ...

Elle ne termina pas sa phrase. Tout se déroula très rapidement, et lorsqu'elle se repassa mentalement la scène, un peu plus tard, elle ne pu déterminer ce qui s'était produit exactement. Tout semblait s'être télescopé. La douleur, l'incantation... Si le premier sort se perdit en une gerbe d'étincelles, alors que Zephyr le contemplait, stupéfaite, le second l'atteignit de plein fouet. Le sortilège l'avait propulsé à terre, alors qu'elle se tordait au sol, dans des cris à fendre l'âme. Torturée à vif par ce simple élève, qui n'aurait jamais dû pouvoir employer un sort impardonnable. Mais Gabriel l'avait souhaité, il était parvenu à rassembler assez de haine pour lui lancer le sortilège Doloris, et semblait se délecter de ses hurlements.

Plus rien n'avait de sens. Elle était seule. Recroquevillée sur elle même, son corps ne lui répondait plus, et sa perception des choses avait été réduite à néant. Clouée sur l'asphalte encore brûlante du bain de soleil qu'elle avait reçue l'après midi. Sa peau lui semblait en flamme, et elle avait la sensation que tous ses os avaient été brisés. Zephyr n'avait pour vision qu'un écran rougeâtre, comme si le disque solaire l'éblouissait, alors qu'il s'était couché depuis longtemps. A l’écoute des sons, à l’affut des odeurs, puisque seuls ces sens daignaient encore lui répondre, la sorcière tenta de se concentrer, mais en vain. Ses membres endoloris et ses cheveux trempés de sueur n’avaient aucune signification, elle ne savait plus d’où pouvait provenir cette douleur lancinante... Son cœur battait la chamade, le flux sanguin coulant à la manière d’un courant tumultueux dans ses veines qui semblaient bien trop chargées.. Son souffle était rapide, oui, trop rapide.
Elle tenta de bouger, un grognement faisant écho à cette tentative, comme si ses membres étaient déchirés à présent… Zephyr roula doucement sur le côté, se mordant les lèvres pour couvrir ses gémissements de douleur, des larmes perlant sur ses joues salies par cet instant passé à même le sol. Ses paumes tâtonnèrent, reconnaissant la surface de la terre. Elle ouvrit doucement les yeux, repliée sur elle-même, son regard ne distinguant qu’une vive lueur blanche qui l’aveuglait … Qu’est ce qui se passait, bon sang..! Elle essaya de se relever, haletant.. Un effort de trop. Sa vue se troubla, ses mouvements se brouillèrent et son corps s’abattit au sol comme une masse, dans un léger soulèvement de poussière.

Cette légère chute la tira brutalement de sa torpeur. Ses yeux s'ouvrirent en grand, alors que tout s'assemblait dans son esprit. Ce qui lui semblait avoir duré des heures n'avait en réalité été qu'une quinzaine de secondes. Elle se leva avec une agilité féline, extirpant sa baguette de sa poche, la fixant avec une haine sans nom sur son adversaire. Ce doux pêché capital avait pris possession de tout son être, et un rugissement de colère s'échappa de ses lèvres vermeilles. Gabriel quant à lui avait lâché sa baguette, les yeux écarquillés, comme s'il réalisait seulement son acte.

- ORDURE!!!!
- Zephyr je... je ...
- Je vais te tuer.

Et elle en aurait été capable. A cet instant même, Zephyr comprit qu'il ne lui aurait pas été difficile de prononcer ces deux mots mortels. Elle ne commit pas cette erreur. Et Gabriel fut le seul à recevoir dès le lendemain une lettre du Ministère de la Magie. La mère de Zephyr ne lui dit rien à ce sujet, préférant fuir lorsque ses responsabilités étaient requises, comme toujours. Quant à son père, il se chargea personnellement de l'affaire des McCaughan. La méfiance de la jeune Asriel s'était renforcée, tant envers les autres qu'envers elle même.