La vie est comme une chose éphémère. On s’accroche jusqu’à en avoir mal, jusqu'au point du non retour. Et puis tout s’en va. A jamais. Rien n’est durable, ceux qui disent le contraire mentent ou sont trop pris dans leur propre engrenage. Il arrive un moment où un choix se pose, un choix voué à un brillant avenir ou une vie de misère dans l’anonymat le plus total. Si on pouvait choisir, ce que serait la suite d’une vie, rien ne serait éphémère. Hors s’il y a bien une personne très terre à terre dans ce monde, où le rêve et l’imagination n’existe plus, ça ne peut être qu’une femme. A la peau blanche mais souvent teintée d’or. A la chevelure brune mais dernièrement d’une blondeur chatoyante. Aux yeux couleur saphir, mais où se perdre serait comme contempler l’océan même. A la silhouette rivalisant à celle d’un mannequin en vogue. Où les préjugés forment son nom. Où la pureté n’a d’égal que sa divine beauté. Un seul nom vient à l’esprit, indéniablement, Van der Woodsen. Un nom exotique aux origines allemandes, une branche de la famille est de ce noble pays, mais désormais, tous ont immigrés aux côtes britanniques. Comme le veux la tradition, l’aînée de cette noble et populaire famille de sang pur est une personne élégante, aux traits de l’aristocratie et le mot glamour lui serait bien volontiers associé. Malheureusement, ce n’est pas le cas. La beauté n’est pas éphémère chez elle, ce qui est éphémère, c’est son amabilité. C’est une femme méprisable, arrogante, bourrée de préjugés et de vieilles traditions moyenâgeuse. Si Dolores Ombrage est détestable, et comparable au diable en personne, vous n’avez pas encore fait la connaissance de miss Van der Woodsen. Cette dernière est comparable à une rose, belle et distinguée en apparence, et terriblement piquante et diabolique à l’intérieur. Les roses ont des épines, et c’est un poison trompeur. Ne vous attardez pas sur son ton faussement innocent, ses fossettes charmantes et son air doucereux et hautain. C’est une garce. Jeune, elle honorait cette insulte. Maintenant, elle trouve cela futile et petit comparé à tout ce qu’elle est capable de faire ou de dire en moins d’une minute. Elle prône la supériorité du sang, la connaissance et le pouvoir. Pour elle, il n’y a ni bien ni mal, il n’y a aucun camp, seul un troisième, celui de la règle de la jungle. Les plus forts triompheront. Voilà pourquoi elle à rejoint le camp des plus forts, choisissant la facilité, le camp du dark Lord. Sa famille, avait déjà rejoint ses idéaux depuis toujours, et idolâtraient le seigneur des ténèbres. Comme il se devait de le faire.

***

Une silhouette camouflée par l’obscurité des ruelles londoniennes, encapuchonnée marchait d’un pas vif et rapide. Mais intrigante. Ses pas la conduisaient vers un nouvel endroit, le pont de Londres. Elle s’arrêta devant, et ses mains rejoignit la rambarde de pierre, son regard perça le ciel embrumé et noir. Inquisiteur. Elle attendait, et semblait attendre quelqu’un, bien qu’aux alentours, c’était le calme plein, à cette heure tardive de la nuit, personne n’apparaissait. Et pourtant, des pas s’approchèrent, petit à petit, dans une tonalité qui leur était propres, comme familier à la silhouette encapuchonnée.

« Tu en as mit du temps. Il y a déjà une heure que je t’attends. » siffla une voix masculine, déclinant son identité par ce geste.

L’interlocutrice se retourna finalement, faisant face au nouvel arrivant. Un jeune homme d’une vingtaine d’années, le teint étrangement pâle, les yeux d’un bleu lagune et les cheveux blonds.

« Mais venant de toi, je ne m’attendais pas à voir un miracle se produire. Ma sœur restera toujours une retardataire aimant faire désirer son entourage. Tu te feras détester, un jour ou l’autre. » poursuivit l’homme, sur un ton plus jovial et ironique, feignant l’amusement.

Silence.

« Venant de toi. N’en soit pas si sûr, Edward. »

La silhouette se rapprocha et d’un geste rapide, ôta sa capuche, dévoilant une tête pâle encadrée d’une épaisse chevelure brune. Ses yeux étaient les mêmes que l’homme, s’identifiant comme son frère, Edward. La jeune femme était plus jeune que lui, d’à peine deux ans. Et pourtant, elle avait l’assurance d’une trentenaire. Comme si tout était déjà planifié sur une feuille de papier, comme si les paroles que s’échangeaient les deux Van der Woodsen étaient déjà au programme. Son programme du moins. L’heure d’attendre était passée, c’était l’heure de l’action désormais. Lux fit quelques pas vers Edward, toujours de sa nonchalance et lenteur absolue. Il n’y avait pas le feu au lac, et elle désirait en effet, comme l’avait si bien fait remarquer mister Van der Woodsen, se faire désirer. Dans le sens du temps. Ce qu’elle prévoyait pour lui était terrible, l’avenir qu’elle lui réservait était funeste, un pied dans la tombe. La brune était maîtresse de son propre destin et du sien, car tout ce qui était en sa présence lui appartenait obligatoirement. Edward était à elle. Comme un vulgaire jouet, et maintenant, c’était la dernière phase, celle du rejet. Elle n’avait plus besoin de lui et de son ton étonnement sarcastique. Goodbye.

« Si je t’ai demandé de me rejoindre sur ce pont, ce n’est pas pour te parler de la pluie et du beau temps, Edward. J’ai une chose à t’annoncer, et je me délecte de te l’annoncer. »

Lux termina d’un pied les quelques mètres qui la séparait de son grand frère. Le regard plongé dans le sien, cherchant l’océan de chacun, où leurs émotions s’entremêlaient, ainsi que leurs sentiments, leurs moindres pensées. Ils se questionnaient mutuellement, intérieurement, sur la signification de l’émotion apportée. Lui était dans le doute, dans l’incrédulité, tandis qu’elle, restait confiante et sûre d’elle, en toutes circonstances. Comme toujours.

« Luxia ?...Qu’attends tu de moi ? » hésita-t-il à dire, un sourcil légèrement arqué sur son fin visage.

Les traits de la figure de la brune s’étirèrent en un sourire carnassier et une chose dure et froide se posa sur le torse du jeune homme. Ce sentiment enivrant qu’était la pensée avant l’acte, l’indisposait à une explication plus poussée. Elle voulait agir, point final. Et dans sa tête, il n’y avait rien à dire, pas même une parole. Juste sentir le souffle de son frère au creux de sa nuque, quand son corps se confrontera à la dure réalité, sur le sol humide de la rue. Lux ne quitta pas des yeux ceux de son tendre frère, sa baguette magique pointée sur son torse, attendant son unique ordre, ses deux mots qui franchiraient lentement mais sûrement ses lèvres. Avec toute la satisfaction qu’elle rêvait d’obtenir. L’acte en lui-même était délectable, mais le mieux c’était de le vivre en pleine conscience, et consentante. Je parle de la mort. Tuer était si terrible que cela, pourtant ses parents l’avait déjà fait, et elle se sentait prête, à commettre son premier crime, sa première victime, la première règle qu’elle transgressera, car depuis peu, elle était une mangemorte. Contrairement à son frère, homme qu’elle maudissait au plus profond de son cœur, pour sa traîtrise. Il ne voulait pas rejoindre le camp de sa famille, et voulait lutter contre le seigneur des ténèbres. Quelle sottise, quelle traîtrise. C’était impensable, intolérable et impardonnable dans l’esprit de la jeune Van der Woodsen. Tellement impardonnable qu’il fallait le punir ici et maintenant, d’une façon claire et barbare. Au moins il ne la tâcherait pas de son sang de traître.

« Quel choix as-tu fait, Edward, rejoins nous. Je ne te le demanderai pas deux fois. Tiens-tu tant que ça à briser le cœur de tes propres parents en leur annonçant ton choix ? Sale traître. »
« Luxia, je te l’ai déjà dit et je ne le répéterai pas non plus. Vous avez votre propre opinion, et j’ai la mienne. Je ne veux pas vous ressembler, je veux combattre pour le monde magique, je ne veux pas te ressembler. »

Ses derniers mots eurent chez Lux, l’effet d’une douche froide. Il la méprisait à ce point ? Alors qu’elle-même n’en était pas à ce point, pas encore.

« Baisse ta baguette. S’il te plait, tu n’as pas me menacer pour arriver à la réponse que tu veux, je ne fléchirais pas sous la menace, même venant de toi, Lux. »

Il posa sa main sur l’épaule de sa sœur, un sourire sincère sur le visage, convaincu de ce qu’il avançait, qu’elle renoncerait et se rangerait peut-être de son côté, bien qu’il était plus simple d’y rêver.

« Ne m’appelle pas ainsi ! » cracha-t-elle d’une froideur inhumaine, sa voix se transforma en une fraction de seconde, et passa sur un ton aigu et terriblement colérique. Elle détestait ne pas obtenir ce qu’elle voulait et ne supportait pas ce surnom autrefois affectif venant de lui, c’était un traître, un ignoble traître, voilà tout ! « Pour qui te prends-tu pour faire ça, sale traître à ton sang ! Tu regretteras ton choix sois-en sûr ! Je t’épargnerai la peine de le dire à nos parents ! » sa baguette magique se déplaça à une vitesse vers le visage de sa victime.

Edward voulut échapper à l’emprise de sa sœur, mais trop tard, elle était plus rapide, et sa baguette le menaçait déjà. Seulement, oserait-elle le faire, ou le dire ? Sincèrement, il espérait qu’elle n’en soit pas capable. Cette femme, cette jeune femme, était sa sœur. Il l’aimait énormément, malgré leurs différences d’opinions, et ses insultes constamment lancées à son égard.

« Lux…S’il te plait, ne fais pas ça, tu n’es pas dans ton état normal, Lux reprends toi ! »
« Supplie-moi de ne pas le faire. Comme tu as supplié père de ne pas te faire souffrir. »
« Lux ! »

Elle éclata d’un rire glacial, et laissa son sourire goguenard sur sa figure pâle, ne relâchant pas son étreinte, décidée.

« Tu n’es qu’une vulgaire vermine pour notre famille, je ne supporterai pas de te voir encore en vie après l’affront que tu as fait. Supplie-moi mon cher frère ! Maintenant ! »

Ses yeux lançaient des éclairs, de multiples éclairs meurtriers, et son frère ne s’était pas décidé, la panique l’envahissait petit à petit, elle sentait son souffle se faire irrégulier, les battements de son cœur se mêler aux siens. Il avait peur, elle était envahie d’un plaisir sans nom.

« Lux, je t’en prie, réveille-toi ! Ecoute-… »
« Avada Kedavra ! »

Un éclair vert traversa sa baguette magique pour finir sa course en plein cœur. Edward demeura ainsi, absent, les yeux grands ouverts, regardant sa propre âme s’échapper sans pouvoir la retenir, et s’accrocher à la vie. Son corps retomba mollement sur le sol, contre les dalles de pierre, un filet de sang, d’un rouge terrifiant éclata sur son crâne, dû au choc contre la pierre. Oui, la vie est éphémère.

***

Plusieurs années plus tard, Lux Van der Woodsen fit son retour. Cachant sa condition de mangemort aux yeux des mortels, de son entourage. Tout était éphémère, tout. Sauf elle.